Isabelle EBERHARDT

Publié le

dimanche 13 avril 2008

Isabelle la nomade
Isabelle EBERHARDT, cette écrivaine peu connue dans son pays d'adoption, l'Algérie, où elle y vivra son éternité, disparue très jeune mais laissant de nombreux ouvrages. Eprise du Sud Algérien, elle a toujours dénoncé le colonialisme et défendu les fellahs algériens Isabelle Eberhardt. L’écriture de sable Témoignage sur le pays de l’ocre Vingt-sept ans à peine d’existence, mais un parcours d’une telle originalité fascinant. Comment la passion d’une jeune fille, née à la fin du XIXe siècle, a-t-elle pu la mener des rives du lac Léman au Sahara algérien ? L’histoire ambitieuse, mais aussi tragique, d’une femme qui avait traversé la Méditerranée, à la recherche de la terre du Soleil-Levant. Née en 1877 en Suisse, d’une mère française et d’un père russe, Isabelle a été très tôt fascinée par l’ocre de son pays préféré, l’Algérie. Ayant épousé un maréchal des logis de spahis, Slimane Ehni, Isabelle a parcouru presque tout le désert algérien, d’Est en Ouest. « Je suis née musulmane et je n’ai jamais changé de religion », a-t-elle écrit. Son appartenance à l’Islam lui a permis d’être plus proche des habitants du Sud auxquels elle avait accordé une grande générosité et sensibilité. Aujourd’hui, les universitaires et les gens de lettres la considèrent comme une des icônes de la littérature de voyage du Maghreb sinon du monde. Son recueil de nouvelles, L’écriture de sable, se compose de onze textes (extraits de son ouvrage Pages de l’Islam, Fasquelle éditions, Paris 1920), répartis en deux chapitres aux titres courts : Obscurité et Femmes. A travers ses nouvelles, dans un français mêlé à la langue courante locale, Isabelle Eberhardt montre une large connaissance des traditions arabo-musulmanes. Elle indique précisément les noms des lieux et des personnes. Autant qu’elle a aimé sa terre d’exil et d’adoption, elle a défendu avec acharnement la cause des Algériens, appelant naïvement les autorités françaises à leur intégration au même niveau que les colons, à une époque où même l’idée d’égalité était bannie. Elle fut de son temps l’unique femme (et un des rares individus) à décrire et à dénoncer le quotidien misérable de ses coreligionnaires. Elle fut, en quelque sorte, leur porte-parole. L’amour contrarié fut un thème enraciné dans la plupart de ses textes d’auteur. Avec l’histoire de Si Abdelrahmane et Lalia, la fin tragique de Taâlith et les souvenirs de jeunesse des malheureuses Saâdia et Habiba, Eberhardt a pu, sagement, dévoiler l’autre face des gens du Sahara à travers leur sensibilité et leurs amours. Dans ce recueil, seule la nouvelle Fleurs d’amandiers porte une dédicace, rendant hommage « à Maxime Noiré, le peintre des horizons en feu et des amandiers en fleurs ». On raconte qu’au cours de ses longs voyages dans le Sahara, Isabelle Eberhardt a été éblouie par un événement. Un jour, elle rendit visite à la zaouïa d’El Hamel à Bou Saâda. Et là, qu’elle ne fut sa surprise de découvrir que ce grand centre confrérique était, à l’époque, présidé par une femme, Lalla Zineb. Comment une femme pouvait-elle diriger une tribu puissante, qui comptait des milliers de chevaliers et de guerriers ? S’était-elle demandé, tandis que débutait une solide amitié entre elle et la grand dame d’El Hamel. L’auteur a laissé plusieurs ouvrages posthumes, entre autres : Dans l’aube chaude de l’Islam (1921), Notes de route (1908), Trimardeur (1922), Mes journaliers (1923), Contes et paysages (1925), repris sous le titre Au pays du sable (1944). A l’inverse d’Etienne Dinet, Isabelle Eberhardt a connu l’Islam avant de connaître l’Algérie. L’écriture de sable est un voyage passionné dans les profondeurs du Sahara. Emportée par la crue d’un oued à l’âge de 27 ans, Isabelle Eberhardt, malgré une vie brève, a pu s’imposer comme une figure emblématique de la littérature algérienne et un personnage quasiment légendaire. Saïd Khatibi.
Régalez-vous en cliquant sur les titres ci-dessous Un trésor à l'infini.....
Isabelle EBERHARDT, femme de lettres et voyageuse née à Genève le 17 février 1877 décédée à Aïn Sefra (Algérie) le 21 octobre 1904.Oeuvres principales : Nouvelles algériennes (1905), Dans l'ombre chaude de l'islam (1906), Les journaliers (1922).

Yasmina (1902) : "Elle avait été élevée dans un site funèbre où, au sein de la désolation environnante, flottait l'âme mystérieuse des millénaires abolis. Son enfance s'était écoulée là, dans les ruines grises, parmi les décombres et la poussière d'un passé dont elle ignorait tout. De la grandeur morne de ces lieux, elle avait pris comme une surcharge de fatalisme et de rêve. Étrange, mélancolique, entre toutes les filles de sa race : telle était Yasmina la Bédouine..."

Pleurs d'amandiers (1903) : "Bou-Saada, la reine fauve vêtue de ses jardins obscurs et gardée par ses collines violettes, dort, voluptueuse, au bord escarpé de l'oued où l'eau bruisse sur les cailloux blancs et roses. Penchés comme en une nonchalance de rêve sur les petits murs terreux, les amandiers pleurent leurs larmes blanches sous la caresse du vent... Leur parfum doux plane dans la tiédeur molle de l'air, évoquant une mélancolie charmante..."

Le Major (1903) : "Tout, dans cette Algérie, avait été une révélation pour lui... une cause de trouble - presque d'angoisse. Le ciel trop doux, le soleil trop resplendissant, l'air où traînait comme un souffle de langueur, qui invitait à l'indolence et à la volupté très lente, la gravité du peuple vêtu de blanc, dont il ne pouvait pénétrer l'âme, la végétation d'un vert puissant, contrastant avec le sol pierreux, gris ou rougeâtre, d'une morne sécheresse, d'une apparente aridité... et puis quelque chose d'indéfinissable, mais de troublant et d'enivrant, qui émanait il ne savait d'où, tout cela l'avait bouleversé, avait fait jaillir en lui des sources d'émotion dont il n'eût jamais soupçonné l'existence..."

La Rivale (1904) : "Un matin, les pluies lugubres cessèrent et le soleil se leva dans un ciel pur, lavé des vapeurs ternes de l'hiver, d'un bleu profond..."

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